Entretien avec Madame la secrétaire d’État Helene Budliger Artieda

Madame Helene Budliger Artieda, secrétaire d’État et directrice du Secrétariat d’État à l’économie (SECO), a pris part en qualité de conférencière invitée à l’assemblée générale commune de CHOCOSUISSE et de BISCOSUISSE. Dans l’entretien qui suit, elle prend position sur les questions urgentes de notre branche.

  • Comment percevez-vous le secteur helvétique des produits sucrés ?

Le SECO apprécie beaucoup la collaboration avec Chocosuisse et son directeur Urs Furrer. Je perçois la branche comme très innovante et largement représentée. Elle est également très consciente de l’évolution des attentes des consommateurs et des exigences réglementaires dans l’espace européen. Le secteur s’engage en conséquence dans différentes initiatives visant à renforcer la durabilité dans ses chaînes d’approvisionnement. L’engagement de Chocosuisse et de ses membres dans le cadre de la Plate-forme suisse du cacao durable (SWISSCO) est particulièrement précieux à nos yeux. Le SECO soutient cette plate-forme qui s’est fixé des objectifs très ambitieux pour la branche en matière de durabilité environnementale et sociale. Nous ne pourrons toutefois atteindre ces objectifs que si Chocosuisse et tous ses membres contribuent de manière substantielle à leur réalisation.

  • La tension entre les marchés protégés des matières premières et les marchés libres de ventes des produits pèse sur notre branche. Que peut faire le SECO afin que nous puissions continuer de fabriquer en Suisse ?

Nous sommes conscients des défis que représentent les prix relativement élevés des matières premières pour le secteur de la chocolaterie et de la boulangerie. Au SECO, nous nous engageons pour que les conditions-cadres soient les plus favorables possibles à l’industrie alimentaire. D’une part, nous continuons à compenser par des droits de douane le handicap sur les prix à l’importation. D'autre part, nous essayons de négocier un accès aussi libre que possible aux marchés étrangers par le biais d’accords de libre-échange. Le protocole n° 2 de l’Accord de libre-échange avec l’UE, de loin notre principal débouché, en est l’exemple parfait.

Du côté des exportations, la Suisse a dû, comme on le sait, supprimer les contributions à l’exportation en 2019. Comme mesure d’accompagnement, les producteurs nationaux de lait industriel et de céréales ont reçu de nouvelles allocations à la production, alors que l’accès au trafic de perfectionnement de matières premières laitières et céréalières étrangères a été simplifié en contrepartie. Ainsi, l’industrie alimentaire de transformation dispose-t-elle d’une part d’une position de négociation solide vis-à-vis de ses fournisseurs de matières premières indigènes et, d’autre part, si nécessaire, d’un accès aux matières premières étrangères via le trafic de perfectionnement. Nous nous engageons pour que l’équilibre délicat entre les intérêts de l’agriculture et de l’industrie puisse être maintenu. Mais nous devons aussi être conscients que le grand écart entre des marchés d’exportation aussi ouverts que possible et un marché intérieur partiellement protégé ne va pas devenir plus simple avec le temps.

  • Des obstacles techniques au commerce mènent aussi la vie dure à nos entreprises. Qu’est-ce que le SECO fait là-contre ?

La nouvelle Loi sur les denrées alimentaires en Suisse a permis de réduire fortement les obstacles techniques au commerce avec l’UE dans le domaine alimentaire depuis 2017. Actuellement, le SECO collabore avec Chocosuisse afin de mieux comprendre les effets du Règlement européen contre la déforestation sur les fabricants de chocolat suisses qui sont orientés vers l’exportation. Les choses bougent donc dans ce domaine.

  • Notre branche dépend fortement des exportations. Que se passe-t-il sur le front de l’extension du réseau de libre-échange ?

Dans ce domaine aussi, les choses bougent : nous disposons déjà d’un vaste réseau d’accords commerciaux. Celui-ci offre de bonnes conditions-cadres et des avantages à notre économie, y c. au secteur chocolatier. Ceci est particulièrement important pour l’économie suisse dont le marché intérieur est relativement petit. Cependant, il reste encore quelques « blancs » sur la carte du monde. Nous travaillons donc en permanence à la conclusion de nouveaux accords et à la modernisation d’accords plus anciens.

Nous sommes très occupés en ce moment. Nous venons tout juste de conclure avec succès les négociations avec la Moldavie et de signer l’accord correspondant lors de la Conférence ministérielle de l’AELÉ en juin. Avec l’Inde, les discussions se sont à nouveau intensifiées et nous souhaitons que ces négociations aboutissent enfin. Les processus avec la Thaïlande et le Chili avancent également bien et, si les choses continuent ainsi, nous devrions pouvoir conclure des accords dans un avenir pas trop lointain. Nous avons récemment entamé des négociations en vue d’un ALÉ complet avec le Royaume-Uni. Nous nous efforçons également de finaliser rapidement l’accord de libre-échange avec les pays du MERCOSUR. Dans tous ces accords, nous nous engageons bien entendu pour un accès au marché aussi libre que possible pour le chocolat suisse.