Le chocolat suisse en 2024 : ventes stables, mais coûts en hausse

Berne, 8 avril 2025 – L’année dernière, les ventes de chocolat suisse, dans l’ensemble, ont stagné. La légère croissance du marché intérieur a été contrebalancée par le surplace des exportations. Les perspectives restent incertaines en raison du prix record du cacao et de la charge réglementaire croissante. On en appelle aux responsables politiques pour créer des conditions-cadres fiables.

Le volume de chocolat suisse vendu en 2024 a légèrement augmenté (+0,6 %) par rapport à l’année précédente, cumulant 209'096 tonnes. Alors que le marché intérieur a connu une évolution positive du volume vendu (+1,7 %), celui des exportations a stagné (+0,2 %), ce qui, en considération de la part des exportations de 72,1 %, sonne comme un signal d’alarme pour la branche.

Le prix élevé du cacao trouble les perspectives

L’année dernière, le prix du cacao a presque quadruplé. Fin 2024, il s’élevait à 10'888 dollars la tonne (prix quotidien de l’ICCO), après s’être longtemps maintenu essentiellement entre 2'000 et 3'000 dollars. La branche se retrouve donc mise sous forte pression des coûts.

Le prix record du cacao a contraint les fabricants de chocolat à procéder aux premières hausses de prix. La croissance marquée du chiffre d’affaires (+13,3 %), qui atteint 2,2 mia. de francs, traduit en effet les frais d’acquisition plus élevés du cacao. Vient corroborer cette évolution négative le recul de la consommation par habitant en Suisse (-2,4 %) à 10,6 kg, celle du chocolat suisse restant stable (+0,1 % à 6,3 kg), tandis que celle des produits importés rétrograde de 4,0 % à 4,3 kg. La part des importations demeure cependant élevée, à environ 40 % (elle n’était que de 19 % en 2000).

La grande question sera de savoir comment les consommatrices et consommateurs vont réagir à la hausse des prix en 2025. En effet, le prix fort du cacao ne se répercutera pleinement sur les prix de vente que cette année, car en 2024, de nombreux fabricants de chocolat avaient encore en stock du cacao meilleur marché. Beat Vonlanthen, président de CHOCOSUISSE, déclare à ce sujet : « Il reste à espérer que les consommatrices et les consommateurs continueront d’apprécier le chocolat suisse à sa juste valeur, c.-à-d. pour son excellence, en lui restant fidèles même dans le contexte d’un marché en mutation. »

Sans compensation, la place industrielle suisse est mise en péril par son désavantage inhérent à la protection douanière de lagriculture

« Nos entreprises subissent une pression des coûts considérable, malgré leurs efforts pour améliorer l’efficience », explique Roger Wehrli, directeur de CHOCOSUISSE. « Alors que le prix record du cacao affecte tous les fabricants de chocolat dans le monde, nos membres subissent un désavantage additionnel dû à la politique agricole protectionniste de la Suisse. » Une compensation partielle est prévue pour le lait en poudre, mais pour le sucre, la branche supporte seule la totalité des coûts supplémentaires générés par la protection douanière. « Cela affaiblit notre position, tant sur le marché intérieur que sur les marchés d’exportation », déclare Roger Wehrli.

Hausse de la pression réglementaire : la mise en œuvre de l’EUDR requiert l’action de la Confédération

La charge réglementaire pour les fabricants suisses de chocolat a continué de s’accroître en 2024, tant au niveau international que national. Avec la mise en œuvre du Règlement européen sur la déforestation (EUDR) – qui deviendra obligatoire fin 2025 –, les entreprises font face à des défis considérables. Les exigences en matière de traçabilité, d’analyse des risques et de preuve numérique sont complexes, alors que nombre de questions majeures de mise en œuvre n’ont pas encore reçu leur réponse.

Il est particulièrement choquant que les entreprises suisses soient désavantagées en raison de la non-application de certaines dispositions transitoires importantes aux entreprises des pays tiers (hors UE) et parce qu’elles ne bénéficient pas d’un accès complet au système d’information de l’UE. « Les entreprises concernées ont fait de grands efforts ces derniers mois, mais il leur reste à surmonter des obstacles décisifs pour une mise en œuvre correcte », explique Roger Wehrli, directeur de CHOCOSUISSE. « Il est urgent que les autorités suisses apportent un soutien coordonné afin que les entreprises suisses puissent continuer à accéder sans entrave au marché de l’UE. Dans la situation actuelle, les producteurs suisses seraient fortement désavantagés par rapport à leurs concurrents européens. Nous attendons de la Confédération qu’elle défende activement à Bruxelles les intérêts de l’industrie chocolatière suisse. »

CHOCOSUISSE, la fédération, constituée en société coopérative, des fabricants suisses de chocolat, regroupe les fabricants industriels de chocolat suisse et de produits chocolatiers. Les entreprises membres de CHOCOSUISSE emploient 4'836 personnes dans 16 usines en Suisse.